Archives 2018-2019·Ouverture culturelle . Saison 2018-2019

Bacchantes . Prélude pour une purge

Marlene Monteiro Freitas et Bruna Antonelli
Sandra Azevedo

Théâtre de la cité

A l’arrivée dans la salle de spectacle nous sommes accueillis par de la musique. Les danseurs sont sur scène et sont accompagnés de 4 trompettistes en mouvement dans la salle près du public. Cette performance de Marlene Monteiro Freitas, inspirée de la tragédie grecque, mélange expressivité, musique, humour sur une prestation énergétique de 2 heures.
Nous sommes plongés dans un univers où des objets du quotidien servent à la chorégraphie (pupitre, sachet plastique, tuyau, …). Les musiciens et les danseurs, se répondent et évoluent ensemble au fur et à mesure de la prestation. Une performance forte, des silhouettes d’ouvriers sans époque et un mélange d’accessoire surprenant.
Les danseurs sont vêtus d’une salopette courte blanche; d’un tee-shirt blanc, de chaussures de danse et de chaussettes noires, ainsi que d’un bonnet de bain et d’un gant de ménage. Les trompettistes sont, à l’opposé, vêtus d’une chemise noire, d’un pantacourt bleu et de chaussures blanches.
Ce spectacle nous rempli de questionnement tant sur la chorégraphie, le choix des matériaux, et sur le ressenti qu’on a après avoir vu cette prestation surprenante et pleine de surprise.

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Dance

Chorégraphie : Luncida Childs
Musique : Philip Glass

Ballet de l’Opéra de Lyon

Odyssud

Nous avons assisté à la reprise du ballet post-modern Dance , chorégraphié par la célèbre Luncida Childs en 1979. Dansé 40 ans plus tard par 17 danseurs du Ballet de l’Opéra de Lyon, cette représentation nous offre un rendu spectaculaire, hypnotisant et complet pour répondre à une thématique importante de Lucinda Childs « donner à voir et à entendre la danse ». Dance s’harmonise en 3 parties de 20 minutes. Trois scènes se dévoilent, dansées en duo, solo, trio ou quatuor, les danseurs défilent dans des trajectoires géométriques, dans des chorégraphies répétitives et des mouvements légers. Accompagnées des boucles infinies de la musique de Philip Glass et d’un dispositif filmique de l’artiste Sol Lewitt la composition éveille tous nos sens, et nous immerge dans la danse.
La mise en scène est minimaliste et épurée. Un cadre de scène vide, uniquement composé de la toile sur laquelle se projettent les vidéos. Des costumes similaires, avec une légère distinction des genres pour une question d’esthétisme et de praticité (décolletés plus importants pour les femmes et fermeture du pantalon à l’arrière, alors que les hommes ont un col qui se rapproche plus du cou et une fermeture avant), qui créer une uniformité du groupe et une confusion de la personne. Le choix de la couleur blanche permet de mettre en valeur les corps sur lesquels se projettent les éclairages colorés et créer une symbiose avec les projections, sans qu’ils se parasitent.
Dance nous entraîne dans plusieurs “espaces temps” qui amènent différentes perceptions du corps et du mouvements.

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Insoutenables Longues Étreintes

Crédits : Théâtre de la Cité – Photos des répétitions

Texte : Ivan Viripaev
Mise en scène : Galin Stoev
Théâtre de la Cité

Il nous est tous arrivé de nous questionner sur le sens de la vie, à quoi rime notre existence et qui sommes nous. C’est une proposition de réponses que nous dévoile Ivan Viripaev dans le texte de sa pièce.
Quatre personnages aux destins croisés se cherchent dans leurs vies insensées. À partir de  différentes prises de conscience (relations détachées, avortement, adultère…) les personnages se découvrent au plus profond d’eux-mêmes, guidés par une force intérieure indéfinissable. Pour atteindre un épanouissement personnel ils doivent “traverser l’enfer”, tomber au plus bas afin de s’en relever plus forts.
Il est difficile de poser des mots sur ce qu’évoque cette pièce à cause de son aspect spirituel, qui peut être interprété différemment selon le spectateur, c’est pourquoi Ivan Viripaev use de nombreuses métaphores qui peuvent parfois sembler ridicules.
La mise en scène de Galin Stoev est composée de peu d’éléments mobiles, découpant l’espace et dynamisant la mise en scène, le décor est indiciel et polyfonctionnel (un banc indique un lit, deux bancs un parc…). Le mur digitalisé accompagne ainsi les protagonistes dans leurs actions et leur réflexion, devenant à son tour un personnage de la pièce.
En conclusion, c’est une pièce dont l’interprétation est très libre. On peut la comprendre et la vivre différemment. Elle ne répond pas réellement aux questions que l’on se pose, mais permet de repenser notre point de vue, de questionner notre existence.
Une seule réponse n’existe pas, c’est à nous d’en déduire le sens, et l’issue qui peut être aussi dramatique que positive.

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Dévaste moi

Mise en scène : Johanny Bert
Emmanuelle Laborit

Théâtre Sorano

Dévaste moi est spectacle musical imaginé par Johanny Bert avec la comédienne sourde Emmanuelle Laborit. Ce spectacle réunit sourd -muet et entendant afin de partager un moment sans se soucier des barrière du langage. Aux travers de musique connues de tous, allant de l’opéra à la pop américaine. Ces musiques sont interprété par Emmanuelle ainsi que les cinq musiciens du Delano Orcherstra.
Cette œuvre hybride emploie, au sein d’un théâtre, les codes du spectacle vivant, du concert et même du cinéma.
Cette immersion dans la vie d’une femme se fait grâce à des musiques recomposées par les musiciens pour rendre le spectacle accessible à tous. Et aussi grâce à la mise en scène par exemple les sous-titres sont présent pour ne pas perdre le spectateur entendant mais aussi en les faisant disparaître par moment pour laisser les sourd-muet se concentrer sur le signe.
L’accent est principalement mis sur l’émotion : l’important n’est pas de traduire la chanson mot pour mots mais de transmettre l’émotion qu’elle dégage.  
La comédienne n’hésite d’ailleurs pas à prendre à parti le publique par le biais d’anecdotes et à le faire participer en lui apprenant une phrase de chant signe. Les musiciens pour leurs parts, endossent également le rôle d’acteurs, effaçant encore un peu plus les codes entre les différentes disciplines artistique

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May B

Maguy Marin
Théatre de la cité


May B, créée en 1981 au Centre national de danse contemporaine d’Angers est un spectacle de danse théâtre monté par Maguy Marin, importante chorégraphe de la Nouvelle danse française. Il reprend plusieurs scènes de pièces écrites par Samuel Beckett. Le spectacle s’ouvre sur une scène complètement noire où entrent dix danseurs vêtus de guenilles blanches et recouverts d’une poudre de la même teinte. Cette poussière portée par les danseurs peut rappeler une certaine désolation de fin du monde “Souviens-toi que tu es né poussière et que tu redeviendras poussière. » On remarque également que certaines parties du corps (oreilles, nez…) hypertrophiés à l’aide de prothèses, comme si cette laideur “esthétisée” traduisait aussi l’idée d’un monde dystopique, détruit.
Commence ensuite une fête, des musiques de carnaval sont rythmés par des danses joyeuses, mais cette liesse générale se transforme peu à peu en une scène grivoise, où les danseurs s’agrippent de manière explicite les uns aux autres, tout en poussant des soupirs affichant une lubricité certaine. Cela dénote d’un rapport assez cru à la sexualité chez Beckett. Mais les soupirs se transforment bien vite en lamentation. Une bagarre prend alors place symbole du ridicule de la violence humaine.
Toutefois on remarque que le groupe de danseurs est utilisé à la fois comme une entité à part entière, grâce à une synchronisation des mouvements quasi parfaite, mais aussi ensuite place à des passages individuels permettant d’humaniser cette “masse”. La première partie se termine sur l’ouverture d’une porte dans le fond de la scène qui permet aux acteurs de lentement quitter le plateau. Ils réapparaissent ensuite changés: leurs nouveaux costumes, bien que toujours couverts de poussière, ont gagné en couleurs et évoquent probablement de par leur aspect débraillé, leurs paquetages et la coupe des vêtement, les migrations européennes du début du XIXe siècle.
On peut alors clairement reconnaître les images beckettiennes : Clov et sa valise (fin de partie), Pozzo et Lucky (En attendant Godot) promené par un noeud coulant, au bout d’une longue corde. Certain mouvement sont d’ailleurs directement repris des didascalies de beckett, notamment la danse du filet de Lucky.
L’un des personnages se met ensuite à chanter “joyeux anniversaire”. Les personnages se partagent alors le gâteau de manière très inéquitable en se servant plus que de raison, sans se soucier d’autrui, démontrant certainement ainsi l’avarice et les disparités de nos sociétés.
Commence enfin un “départ sans fin”: les danseurs s’enfuient de la scène mais y reviennent sans cesse. Comme une métaphore de leur incapacité  à quitter leurs conditions d’êtres absurdes, contraints de s’éreinter dans des tâches répétitives vides de sens. Ce perpétuel retour est d’ailleurs appuyé par la douce et lancinante musique “Jesus blood never failed me yet”. Mais une touche d’espoir presque grinçante apparaît dans les paroles “Jesus’ blood never failed me yet; This one thing I know; That He loves me so”.
Cette oeuvre Maguy Marin a réussi à rendre hommage au travers de la danse, à la vision tragi-comique de Beckett et à sa satire grinçante. On note également un certain goût du grotesque magnifié dans ce spectacle notamment par l’utilisation de prothèses pour déformer le corps, et de l’emploi de bruitages et mimiques particuliers, tout en cherchant à aller vers une certaine esthétisation grâce, notamment, à l’écriture chorégraphique et à l’esthétique de la poussière.

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L’Éveil du printemps

Mise-en-scène : Sébastien Bournac
Texte : Frank Wedekind
Théâtre Sorano

L’éveil du printemps de Franck Wedekind écrit en 1891 narre les péripéties de jeunes adolescents qui se heurtent pour la première fois à l’autorité, la morale et la loi en se questionnant sur leur vie et leur sexualité, des thématiques intemporelles inhérentes à toute jeunesse. Cette pièce trouve son contexte de publication dans l’Allemagne moraliste de la fin du XIXème siècle, où les figures d’autorités refusent tout questionnement de leurs enfants. Malgré les années qui nous séparent de la création de cette pièce, les tabous sur ces questions très personnelles sont encore d’actualité.
C’est dans cette optique que Sébastien Bournac cherche à la réactualiser aujourd’hui. À travers une scénographie minimaliste, aux dominantes noires, les jeunes personnages se réapproprient l’espace scénique et évoluent au fil de leurs interrogations. L’espace se coupe, se forme, essentiellement grâce à une toile peinte, illuminée pour former jeux d’ombres et apparitions et disparitions des protagonistes. Tantôt flottante au devant de scène, tantôt couchée au sol, les comédiens continuent de jouer tout en remodelant l’espace sans interrompre leur jeu. Là, dans ces mouvements d’ombre et de lumière, ils y questionnent leurs corps, la morale et leur éducation, en s’opposant à l’autorité présente par la forme d’adultes sans visages ni identités, cagoulés de bas de nylon comme pourraient l’être des ravisseurs d’enfants.
À l’instar de la mort jamais présente sur scène, la violence entre les personnages est quant à elle bien présente. Violence physique, éprouvée par les personnages sur scène sous la forme de coups entre protagonistes ou même sur une poupée gonflable ; ou psychologique par la pression, le silence et la censure des parents faussement protecteurs, réellement bourreaux de leurs enfants. Et c’est finalement hors champs que les drames se passent. Avortement raté létal, suicide d’adolescent, les thèmes sont forts, bien que la forme et les choix de mise-en-scène ne suivent pas et ne soit pas forcément aussi finement traités. Mais il reste que ces violences, fatalement intemporelles, nous parlent encore à notre époque dans l’actualité comme dans nos vies propres. Et c’est pour rappeler cela que la pièce intègre intelligemment des scènes d’intimité des comédiens, des témoignages touchant et forts, que l’on devine facilement autobiographiques, nous sortant de la pièce pour nous replonger un instant sur notre expérience personnelle de l’adolescence.

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Ceux qui m’ont croisés ne m’ont peut être pas vu . NIMIS Groupe

Le Nimis groupe a présenté son spectacle Ceux qui m’ont croisés ne m’ont peut être pas vu , qu’il a écrit et mis en scène, au théâtre Sorano du 3 au 5 octobre. Ce groupe travaille depuis plusieurs années sur la question des politiques migratoires européennes. De longues recherches ont permis au groupe de dénicher de nombreux témoignages (migrants et médecin de Lampedusa), discours politiques déchiquetés, procédures d’asiles disséquées, entretiens préalables rejoués. Chaque élément est dissocié en petite scénette qui montre l’absurdité du parcourt d’un migrant. Les droits de l’homme précisent que chaque homme peut partir de son pays. Mais il n’est pas stipulé que les autres pays ont le devoir de l’accueillir. On se remet inévitablement en question.

Le groupe pointe du doigt Frontex qui développe une technologie de pointe employée à la surveillance et à la protection des frontières européennes très militarisées. Cette entreprise créée par l’Europe montre bien à quel point l’administration est déshumanisée et déshumanisante. La mise en scène appuie ces faits : le carré de gazon vert flamboyant et ses hommes et femmes en costumes de ville, se prélassant au soleil, heureux, représentants le confort européen idéalisé par les migrants. Pour nous montrer la circulation des migrants à travers le continent africain, des comédiens se couchent au sol pour en former les frontières, tandis que d’autres viennent tracer les flux migratoires avec des seaux rempli de cailloux blancs. Peu à peu, beaucoup de chemins se croisent et s’éparpillent,nous montrant une Afrique qui prend la fuite vers les pays occidentaux.

Le tout est rythmé par une voix off qu’ils appellent l’hôtesse de l’air. Elle est là pour rappeler que ce spectacle frôle la légalité. L’identité des comédiens leur est enlevée : ils se nomment tous Christophe Bernard ou Bernard ou Christophe. Parmi les 13 comédiens, 6 n’ont pas de papiers et peuvent être exclus de l’union européenne à tout moment. C’est ce qui donne sa force à la pièce : les comédiens semblent avoir vécu ce qu’ils jouent. Aucun écran ou médias n’interfèrent entre le public et le plateau.

Ce spectacle a éveillé en nous une réelle prise de conscience sur ce qu’il se passe autour de nous. En effet, le théâtre documentaire est un excellent moyen de communication car la mise en scène permet d’accentuer l’impact de tous ces événements. Le tout joué avec une pointe d’humour pour prendre du recul. On en sort touché, ému, avec l’envie d’agir.

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La Traviata

Compositeur : Giuseppe Verdi
Direction musicale : George Petrou
Mise en scène : Pierre Rambert
Décors : Antoine Fontaine
Costumes : Frank Sorbier
Lumières : Hervé Gary
Théâtre du Capitole

Pour l’ouverture de  la saison 2018 2019 le théâtre  du Capitole reprend cette œuvre mythique de l’opéra avec une  mise en scène  de Pierre Rambert. Créée le 6 mars 1853 par  Giuseppe Verdi. La Traviata est inspirée du roman la Dame aux camélias d’Alexandre Dumas et d’après un livret de Francesco Maria Piave. L’histoire est celle d’un jeune homme de bonne famille, Alfredo  qui tombe amoureux d’une courtisane,Violetta qui l’aime en retour et abandonne tout pour le suivre. Ils pourraient filer le parfait amour mais le père du jeune homme exige qu’ils rompent au nom de la responsabilité bourgeoise. De plus , la jeune femme est atteinte de tuberculose et ses jours sont comptés
La version 2018  de ce monument de l’opéra  est placée sous le sceau du “camélia” le metteur en scène veut, je cite « une intemporalité esthétique » Dès l’ouverture du rideau sur  cet  immense  camélia blanc, il nous plonge dans le raffinement et la magie des décors de cet opera . Ils sont signés d’Antoine Fontaine. Ils sont grandioses et modernes et présentent quatre ambiances différentes. D’abord celle d’un hôtel particulier à Paris, puis la terrasse d’une villa en bord de mer, ensuite la salle de bal d’un château et enfin la chambre de Violetta. Ces décors montrent l’intemporalité que le metteur en scène veux donner à la pièce ainsi que son  contexte social (les riches villas, les salons). Mais aussi la simplicité et la pureté au moment de la mort de Violetta. Les costumes ont été dessinés et imaginés par Franck Sorbier (grand couturier et maître d’art ) il  souhaitait  des costumes de scène sur lesquels le camélia était l’élément principal. Il y en avait  sur tous les costumes et principalement sur ceux de Violetta, elle en était envahie. « Ce camélia glouton »  représentant la maladie qui la dévore petit à petit . Le travail de haute couture accentue le luxe, la richesse et le glamour de la pièce. Les couleurs tournent autour du noir, du blanc, du mauve, du rouge, du doré afin de créer une unité. La musique était menée par l’orchestre national du Capitole dirigé par Georges Petrou. Pour ce premier spectacle de l’année,  nous avons  les avis du groupe  était globalement positive , pour ma part, le travail réalisé sur les jupons du chœur dame pour la scène du bal  dans l’acte deux, avait laissé entrevoir une atmosphère de luxe  et un travail de haute couture pour les costumes, que j’ai retrouvé dans le spectacle. Le parti pris du metteur en scène était original et pertinent : Cette idée du camélia qui envahit petit à petit les tableaux comme la maladie de Violetta était très intéressante.