DIPLOMES·Diplomes 2021·Projets et réalisations 2020-2021 : 3ème année

Le monstre

Par Pierre-Louis VENET,
cf. hairy.pluton

Recherches/réalisation
PROJET

Expérimentations/Écriture
MÉMOIRE

La représentation des monstres dans les arts picturaux et les arts du spectacle demandent des qualités plastiques et graphiques appropriées pour transmettre les émotions souhaitées. L’angoisse et le malaise requiert elles aussi une approche plastique précise, et c’est dans ce sens que seront analysés divers exemples de monstres classés selon une typologie précise : Les monstres hybrides traitant du mélanges d’entités; Les monstres plastiques évoquant les monstres nés de la déformation et de la maltraitance des corps; Les monstres revenus de terre liés à la dégradation des matières et de la chair; Et enfin l’absence du monstre et l’importance fondamentale de la mise-en-scène dans son apparition.



Archives 2018-2019·Ouverture culturelle . Saison 2018-2019

L’Éveil du printemps

Mise-en-scène : Sébastien Bournac
Texte : Frank Wedekind
Théâtre Sorano

L’éveil du printemps de Franck Wedekind écrit en 1891 narre les péripéties de jeunes adolescents qui se heurtent pour la première fois à l’autorité, la morale et la loi en se questionnant sur leur vie et leur sexualité, des thématiques intemporelles inhérentes à toute jeunesse. Cette pièce trouve son contexte de publication dans l’Allemagne moraliste de la fin du XIXème siècle, où les figures d’autorités refusent tout questionnement de leurs enfants. Malgré les années qui nous séparent de la création de cette pièce, les tabous sur ces questions très personnelles sont encore d’actualité.
C’est dans cette optique que Sébastien Bournac cherche à la réactualiser aujourd’hui. À travers une scénographie minimaliste, aux dominantes noires, les jeunes personnages se réapproprient l’espace scénique et évoluent au fil de leurs interrogations. L’espace se coupe, se forme, essentiellement grâce à une toile peinte, illuminée pour former jeux d’ombres et apparitions et disparitions des protagonistes. Tantôt flottante au devant de scène, tantôt couchée au sol, les comédiens continuent de jouer tout en remodelant l’espace sans interrompre leur jeu. Là, dans ces mouvements d’ombre et de lumière, ils y questionnent leurs corps, la morale et leur éducation, en s’opposant à l’autorité présente par la forme d’adultes sans visages ni identités, cagoulés de bas de nylon comme pourraient l’être des ravisseurs d’enfants.
À l’instar de la mort jamais présente sur scène, la violence entre les personnages est quant à elle bien présente. Violence physique, éprouvée par les personnages sur scène sous la forme de coups entre protagonistes ou même sur une poupée gonflable ; ou psychologique par la pression, le silence et la censure des parents faussement protecteurs, réellement bourreaux de leurs enfants. Et c’est finalement hors champs que les drames se passent. Avortement raté létal, suicide d’adolescent, les thèmes sont forts, bien que la forme et les choix de mise-en-scène ne suivent pas et ne soit pas forcément aussi finement traités. Mais il reste que ces violences, fatalement intemporelles, nous parlent encore à notre époque dans l’actualité comme dans nos vies propres. Et c’est pour rappeler cela que la pièce intègre intelligemment des scènes d’intimité des comédiens, des témoignages touchant et forts, que l’on devine facilement autobiographiques, nous sortant de la pièce pour nous replonger un instant sur notre expérience personnelle de l’adolescence.